Transmission d’entreprise : les avantages de l’apport-cession Comment profiter du régime du report d’imposition des plus-values lors d’une cession de titres

Contenu mis à jour le 27 mars 2024
Contenu mis à jour le 27 mars 2024

Qu’est-ce que l’apport-cession ?

Plutôt que de céder directement les titres en dégageant une plus-value immédiatement taxable (en principe le prélèvement forfaitaire unique ou PFU de 30 %), l’apport-cession est une stratégie patrimoniale qui consiste à apporter ses titres, préalablement à la cession, à une société relevant de l’IS (holding) afin de profiter d’un cadre fiscal de faveur.

Comment fonctionne l’apport-cession ?

Dans un premier temps, l’imposition de la plus-value réalisée lors de l’apport, sera, sous conditions, reportée à une échéance différée (CGI, art. 150-0 B TER), puis, dans un second temps, la cession des titres par la holding sera soit exonérée d’impôt sur la plus-value, du fait de la rapidité de l’opération (les titres cédés rapidement n’ayant pas eu le temps de se valoriser), soit faiblement imposée du fait du régime fiscal des plus-values à long terme applicable en cas de cession des titres plus de deux ans après l’apport (frottement fiscal de 3 % environ).

D’un point de vue fiscal, l’apport de titres à une société est assimilé à une cession à titre onéreux : l’apporteur apporte les titres d’une société à une autre société dite « holding » et reçoit, en contrepartie de cet apport, des titres de la holding. La plus-value constatée est dite « d’échange » car la rémunération de l’apport se matérialise généralement par l’émission de nouveaux titres au profit de l’apporteur. Elle est imposable mais à une échéance différée dans la mesure où l’apporteur respecte certaines conditions.

Depuis le 14 novembre 2012, un report d’imposition automatique est prévu pour les plus-values mobilières constatées lors de l’apport de titres à une société soumise à l’IS contrôlée par l’apporteur (société holding). Ce différé d’imposition permet à l’apporteur des titres de bénéficier d’une capacité d’investissement plus conséquente que s’il avait eu à s’acquitter de l’impôt de plus-value. Il peut ainsi mobiliser ces capitaux pour redéployer des investissements.

Quelles sont les conditions pour réaliser l’apport-cession ?

Quelles sont les conditions pour réaliser l’apport-cession ?

Le report d’imposition automatique des plus-values mobilières constatées lors de l’apport de titres à une société soumise à l’IS contrôlée par l’apporteur (société holding) nécessite de remplir plusieurs conditions.

Le contrôle de la société holding

La notion de contrôle est appréciée selon ces critères :

  • Détention de la majorité des droits de vote ou des droits dans les bénéfices sociaux par le contribuable et/ou son groupe familial,
  • Détention, directe ou indirecte, d’une fraction des droits de vote ou des droits dans les bénéfices sociaux > 33 %, si aucun autre associé ou actionnaire détient, directement ou indirectement, une fraction supérieure,
  • Détention de la majorité des droits de vote ou des droits dans les bénéfices sociaux de la société en vertu d’un accord conclu entre le contribuable et d’autres associés ou actionnaires,
  • Exercice dans les faits du pouvoir de décision,
  • Action de concert.

Que se passe-t-il si l’apporteur ne contrôle pas la société holding ?

Lorsque l’apport est effectué à une société dont l’apporteur n’a pas le contrôle, l’article 150-0 B du CGI s’applique. Cet article octroie un dispositif de sursis d’imposition automatique : la plus-value ou la moins-value d’échange n’est ni constatée, ni imposée l’année de l’échange. Elle n’est prise en compte que lors de la cession ultérieure (ou encore le rachat, le remboursement ou l’annulation) des titres reçus en échange : la plus-value réalisée à cette date correspond à la différence entre la valeur d’acquisition originelle des titres apportés et la valeur des titres de la société holding au jour de la cession. La fiscalité applicable est fixée au terme du sursis et non au jour de l’apport.

Apport-cession : les opérations mettant fin au report

Apport-cession : les opérations mettant fin au report

La plus-value d’apport est calculée selon les règles en vigueur au moment de sa réalisation et déclarée immédiatement, toutefois son imposition est reportée :

  • A la cession à titre onéreux, rachat, remboursement ou annulation des titres de la société holding,
  • A la cession à titre onéreux, rachat, remboursement ou annulation des titres apportés à la société holding si le délai de détention est inférieur à trois ans à compter de l’apport, sauf si, en cas de cession des titres, cette société réinvestit au moins 60 % du produit de cession dans une activité opérationnelle dans les deux ans subséquents,
  • Lors du transfert du domicile fiscal hors de France, si celui-ci intervient antérieurement aux deux événements précédents.

Forts de plus de 30 ans d’expérience, nous sommes présents aux côtés de nos clients entrepreneurs à chaque étape de leur vie : du développement de leur activité à la transmission de leur entreprise en passant par la protection de leurs proches.

Partager cette publication
Nous Contacter
Découvrir également
 
La cession d’une entreprise est une étape importante dans la vie d’un dirigeant, d’un actionnaire ou d’un associé. Il est primordial d’anticiper cette cession, d’autant plus lorsque cette société est détenue directement par les associés, sans l’intermédiaire d’une société holding.
Une société holding est une société qui détient des titres dans une ou plusieurs autres sociétés, communément appelés « filiales ».
Afin de faciliter la transmission de titres de sociétés au sein d’un groupe familial, le législateur a instauré un dispositif fiscal visant à réduire le coût fiscal de l’opération en exonérant de droits de mutations à titre gratuit trois quarts de la valeur des titres de l’entreprise. Il s’agit du Pacte Dutreil.
Une holding est une société qui détient directement ou indirectement des participations dans une ou plusieurs autres sociétés. Une holding et ses filiales forment ensemble un groupe de sociétés.
La transmission d’une activité professionnelle s’accompagne en général du départ à la retraite du dirigeant ou de l’exploitant. Elle peut être effectuée à titre onéreux ou gratuit. Il s'agit d'une étape clé dans la vie du dirigeant, qu'il convient d'anticiper.
La SPFPL est un type particulier de société holding. Elle est en principe soumise à l’impôt sur les sociétés et peut sous conditions bénéficier de certains régimes de faveur en présence d’une filiale à l’impôt sur les sociétés et notamment du régime mère-fille et de la niche Copé.
Il existe deux contraintes règlementaires propres aux professions libérales : la détention du capital social et des droits de vote et l'objet social de la société.
Une société tout comme un groupe de sociétés se construisent au fur et à mesure de leur développement. Il peut arriver qu’au cours de leur vie, ils soient confrontés à une nécessaire adaptation pour faire face à des changements économiques, macroéconomiques, juridiques, sociaux etc.
Un excédent de trésorerie trop important sur les comptes bancaires de votre entreprise ne rapporte rien et, face à l’inflation, vous fait même perdre de l’argent. Plusieurs solutions existent pour placer la trésorerie de votre entreprise.
L’OBO (owner buy out) est une opération de cession à soi-même, variante du traditionnel LBO. Elle permet à un dirigeant-actionnaire de créer une holding qui rachètera sa propre entreprise via un endettement bancaire. Découvrez notre cas-pratique dans ce nouvel article de l’Académie.
Le statut d’entreprise individuelle peut être donné à toute personne physique qui exerce en son nom propre une ou plusieurs activités professionnelles indépendantes. Cette forme juridique permet à l’entrepreneur individuel de regrouper des moyens d’exploitation [...]
L’apport d’une entreprise individuelle à une société a des impacts en matière fiscale car cette opération s’apparente à une cession ou une cessation d’entreprise.
Conformément à l’article 29 de la loi du 22 mars 2012, les professions libérales sont définies comme celles qui groupent les personnes exerçant à titre habituel, de manière indépendante et sous leur responsabilité [...]
Au moment du décès d’un associé, de nombreuses questions se posent quant au devenir de l’entreprise. Les intérêts des ayants droit du défunt étant parfois opposés à ceux des associés, il convient d’anticiper en amont les conséquences juridiques et financières du décès [...]
Qu’il soit cadre dirigeant, entrepreneur ou sportif de haut niveau, l’investisseur qui décide de s’expatrier pour des raisons professionnelles ou pour un projet de vie, va être confronté à un nouvel environnement juridique, fiscal et économique sensiblement différent selon le pays de résidence [...]
La disparition de « l’homme-clé » (invalidité, décès du chef d’entreprise), peut entrainer de nombreuses situations qui n’ont pas toujours été anticipées. Elle impacte très souvent le niveau d’activité de l’entreprise, et à court ou moyen terme, sa rentabilité et donc sa pérennité [...]
Améliorer la gestion de sa trésorerie est une question importante pour un dirigeant d’entreprise. Comme pour un investisseur particulier, il est essentiel de déterminer l’horizon d’investissement et le profil de risque pour établir l’allocation la plus adaptée.
La trésorerie est un enjeu important pour le bon fonctionnement de l’entreprise. Elle est souvent soumise à variation en fonction du financement du cycle d’exploitation. Pour autant, année après année, une fois le besoin en fonds de roulement (BFR) financé, la trésorerie dite « structurelle » peut bénéficier d’opportunités de rémunération attractive.