28 juin 2025

“Vous avez dit TACO Trade* ? »

Après avoir fortement chuté début avril, suite aux annonces protectionnistes de la nouvelle administration américaine, les marchés financiers mondiaux ont entamé un rebond significatif, portés par l'espoir de désescalade qui semble se dessiner. 

Les données au 10 juin 2025 révèlent une reprise généralisée des marchés mondiaux depuis leur creux du mois d'avril. L'or affiche une performance remarquable de +26 % depuis le début d'année, suivi par les actions allemandes (+20 %) et celles de la zone euro (+13 %). Cette remontée contraste avec la chute de -10 % du pétrole Brent et les -3 % des actions japonaises

Cette reprise s'explique, pour partie, par une conviction qui a peu à peu gagné les intervenants de marché : le président américain recule systématiquement face aux conséquences économiques de ses annonces les plus radicales. Le « TACO Trade » est né. 

Commerce international : retour au dialogue entre les États-Unis et la Chine

Cette théorie semble se vérifier avec les récents développements commerciaux. Les droits de douane de 145 % sur les produits chinois ont été ramenés à 30 % dans le cadre des « Accords de Genève », tandis que les taxes chinoises sur les importations américaines sont passées de 125 % à 10 %.

L'optimisme des investisseurs a été renforcé par une décision judiciaire. Le 28 mai 2025, la Cour de commerce international des États-Unis a bloqué les droits de douane imposés par Trump, estimant qu'ils relevaient de la prérogative du Congrès. Cette décision, obtenue à la suite d’une plainte de cinq entreprises, dont VOS Selections, une entreprise new-yorkaise d'importation de spiritueux, a créé un précédent juridique majeur. Bien qu'une cour d'appel fédérale ait suspendu cette décision, le revers est de taille pour Donald Trump. Les taux moyens de droits de douane pourraient chuter de 15 % à environ 5 %. 

Perspectives économiques mondiales : un ralentissement mais pas de récession

Au niveau macroéconomique, un ralentissement généralisé est à l’œuvre, mais la récession est évitée. La croissance mondiale devrait passer de 3,1 % en 2024 à 2,7 % en 2025, avec des disparités régionales marquées. Les États-Unis affichent une croissance attendue de 1,4 %, tandis que la zone euro voit ses perspectives légèrement relevées à 0,8 %. La Chine, bénéficiant de la désescalade commerciale, voit sa croissance révisée à la hausse à 4,5 %, même si ce chiffre reste inférieur à l'objectif officiel de 5 %. 

Inflation en 2025 : l’Europe respire, les États-Unis sous pression

Contrairement aux craintes nées des annonces de l’administration américaine du mois d’avril, l'inflation mondiale devrait refluer en 2025. Cette désinflation s'explique par la faiblesse des prix du pétrole et le ralentissement économique qui réduit le pouvoir de fixation des prix des entreprises. Alors que l’Europe devrait bénéficier du phénomène et voir son niveau d’inflation baisser d’ici à la fin de l’année, l'inflation américaine devrait demeurer sur un plateau en raison des droits de douane, avec des prévisions de 2,6 % au deuxième trimestre 2025 et 3,1 % au quatrième. 

Cela contraindra la Réserve fédérale américaine, la Fed, à maintenir ses taux directeurs dans leur fourchette actuelle 4,25/4,5 %, tandis que la Banque Centrale Européenne pourra poursuivre son cycle de baisse entamé en 2024, son taux de dépôt est passé de 4,5 % à 2 % le 5 juin 2025. Cette divergence s'explique par l'impact asymétrique de la guerre commerciale et des dynamiques d'inflation distinctes entre les deux zones économiques. 

Pétrole et incertitudes : vers un nouvel équilibre énergétique ?

Le marché pétrolier traverse quant à lui une transformation profonde qui pèse sur les cours. L'Agence internationale de l'énergie prévoit un excédent de 900 000 barils par jour en 2025, comparable aux niveaux de la pandémie de 2020. Cette surabondance résulte d'une production croissante des pays non-OPEP+ (Canada, Soudan, Mexique, Royaume-Uni, Norvège, États-Unis, Russie, Oman, Guyana) face à une demande mondiale affaiblie par le ralentissement chinois et la transition énergétique.  

Le climat d’incertitude n’est pas totalement dissipé, mais le risque de récession s’est éloigné ces dernières semaines. Cet élément, couplé à une inflation maitrisée, autorise un certain optimisme quant à l’évolution future des marchés. 

(*TACO : Trump Always Chickens Out / Trump se dégonfle toujours) 

Muriel Tailhades

Directrice Générale Zenith AM

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