29 mars 2025

Gestion de trésorerie, une approche par les risques

Le temps béni des comptes à terme survitaminés semble s’éloigner. La baisse récente (et à venir) des taux monétaires amène les entreprises à s’interroger sur le placement de leur trésorerie stable. 

La trésorerie stable et son horizon temporel

La trésorerie stable d’une entreprise n’est pas littéralement définie. Elle correspond à la part de la trésorerie qui ne sera pas utilisée pour financer l’activité sur un horizon à déterminer en fonction des spécificités propres à chaque entreprise et aux conditions de marchés. 

On imagine que cet horizon temporel permet d’obtenir sur la durée une rémunération supérieure au monétaire et une préservation du capital investi. 

Ces horizons peuvent être pluriels. Par exemple, les conditions actuelles permettent d’envisager un déploiement vers les marchés obligataires des sommes disponibles sur un horizon compris entre 18 et 60 mois. Les rendements accessibles sur des portefeuilles diversifiés d’obligations d’entreprise de qualité sont compris entre 2,8 % et 3,3 % comparés aux 2,6 % des taux monétaires à date. 

Ainsi, l’entreprise peut décider de répartir tout ou partie de sa trésorerie stable sur les différentes échéances proposées par le marché obligataire. Cette poche obligataire présente l’avantage d’offrir de la visibilité sur les rendements attendus et une protection du capital à échéance (on peut effectivement considérer que le risque en capital lié au défaut d’un portefeuille diversifié d’émetteurs obligataires « Investment Grade » est négligeable). 

Les stratégies d’investissement et la diversification des risques

L’utilisation de stratégie à échéance permet également de générer des flux de remboursement à échéance régulière. Ces flux réguliers permettront de redéfinir si nécessaire les objectifs et les contraintes de l’entreprise. Les obligations bénéficient aussi de la liquidité permise par les actifs cotés.   

Pour les échéances les plus longues (au-delà de 3 ou 5 ans), le trésorier peut considérer des stratégies encore plus dynamiques ou susceptibles d’apporter une diversification des risques. Deux types d’instruments appartiennent à cette catégorie : 

  • Les actifs privés assortis d’une échéance de remboursement. Par exemple, les fonds de dette privés proposent un rendement plus attractif au prix d’illiquidité avant l’échéance. De même, l’usufruit temporaire d’actif immobilier permet de rechercher des « cash-flow » indexés sur l’inflation. Bien que cessibles, on peut intégrer dans cette catégorie les produits structurés. 
  • Les actifs cotés. Il est possible de rechercher un surcroît de performance en créant une poche diversifiée sur des stratégies absolute return, high yield ou actions. Le point clé est de définir au préalable le niveau de volatilité acceptable. 

Le tableau de bord : un outil clé pour piloter la trésorerie stable 

Pour mettre en place une gestion efficace de la trésorerie stable, ces opérations doivent être intégrées à un tableau de bord. Son principal enjeu est de délimiter les zones de risque acceptables sur les trois principaux critères : échéances, liquidité et volatilité. Il permet également d’évaluer les gains attendus par rapport aux instruments monétaires. 

Le tableau de bord est aussi un outil indispensable au suivi de la trésorerie. Il vise à déterminer le degré d’atteinte des objectifs, mais surtout, il permet de vérifier de manière régulière si le cadre initialement prévu reste toujours d’actualité et de redéfinir, le cas échéant, les contraintes, les montants et objectifs de la trésorerie stable. 

Thématiques : Conseil / Actualité financière

François Jubin

Senior Advisor

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