28 mai 2025

Cas pratique : Comment anticiper la génération de revenus complémentaires à la retraite pour les dirigeants d’entreprise ?

Les dirigeants d’entreprise sont, pour la plupart, exposés à une diminution importante de leur niveau de vie au moment de leur départ à la retraite. En effet, leur statut ne leur permet pas de prétendre à des pensions de retraite aussi élevées que les revenus qu'ils perçoivent lorsqu'ils sont en activité. Ainsi, une question s’impose aujourd’hui à eux : comment sécuriser leur niveau de vie à la retraite ? Ce constat nécessite une réflexion approfondie pour anticiper l’équilibre futur de ces revenus appelés à diminuer.  

Le contexte client

Alexandre et Amélie, âgés respectivement de 49 et 47 ans, sont mariés sous le régime de la communauté légale et parents de deux enfants âgés de 21 ans et 19 ans. 

Entrepreneurs depuis plus de vingt ans, ils dirigent ensemble leur société et perçoivent à ce jour des revenus confortables s’élevant à 150 000 € bruts par an.  

Leur situation patrimoniale est saine puisqu'ils ont entièrement remboursé le prêt immobilier de leur résidence principale, estimée à ce jour à 500 000 €, et disposent donc d’une capacité d’endettement. Ils détiennent 400 000 € d'épargne, répartie entre des liquidités bancaires et des contrats d’assurance-vie à faible rendement.  

Ils ont également 100 000 € de trésorerie excédentaire non affectée au sein de leur société.  Arrivés à une étape clé de leur vie d'entrepreneurs, ils commencent à réfléchir à la cession de leur outil professionnel et envisagent simplement de prendre leur retraite dans 15 ans.  

Les stratégies patrimoniales envisagées

1/ La co-acquisition démembrée de parts de SCPI 

La première stratégie envisagée pour Alexandre et Amélie consiste à mettre en œuvre une co-acquisition démembrée de parts de SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) entre leur société et eux-mêmes. Leur société acquiert, grâce à la trésorerie excédentaire disponible, soit 100 000 €, l’usufruit temporaire des parts pendant 15 ans, représentant 35 % de la valeur de la pleine propriété.

Parallèlement, Alexandre et Amélie, acquièrent, à titre personnel, la nue-propriété pour un montant de 185 000 €, correspondant aux 65 % restants, en mobilisant leur épargne personnelle. L’investissement total s’élève donc à 285 000 €. La société bénéficiera des revenus des SCPI pendant la durée du démembrement et sur la valeur en pleine propriété, et aura la possibilité d’optimiser son résultat fiscal en amortissant, sur la même durée, la valeur de l’usufruit temporaire. 

De leur côté, Alexandre et Amélie, en tant que nus propriétaires ne sont soumis à aucune fiscalité sur la nue-propriété des parts de SCPI. Au terme de cette période de 15 ans, la pleine propriété des parts de la SCPI reviendra dans le patrimoine personnel d’Alexandre et Amélie, et ce, sans aucune fiscalité. Alexandre et Amélie pourront soit céder les parts de SCPI et récupérer le capital, soit profiter des revenus afin d’augmenter leur train de vie au moment de la retraite : 

  • Revenus bruts escomptés : 15 675 € / an versés, sans aucun souci de gestion.  

Ce mécanisme permet donc de constituer un patrimoine personnel générateur de revenus complémentaires tout en optimisant l’usage de la trésorerie professionnelle. 

2/ L’investissement immobilier locatif en LMNP  

La seconde solution consiste à investir dans l’immobilier via le régime de Loueur Meublé Non-professionnel (LMNP). Alexandre et Amélie ont une capacité d'épargne importante, qui leur permet de financer l'acquisition à crédit d'un bien immobilier situé en cœur de ville, d'une valeur de 400 000 €, avec un crédit sur 15 ans à un taux de 2,9 %. Ce bien, totalement rénové et géré en colocation, permettra d’obtenir un rendement de 4,5% par an, soit 18 000 € de loyers perçus chaque année. 

Grâce au régime du LMNP, ils bénéficieraient d’une fiscalité optimisée grâce à l’amortissement du bien et à la déductibilité des charges, estimées à 2 000 € par an. Cette stratégie nécessite tout de même un effort d’épargne mensuel, d’environ 1 400 € par mois. 

Au terme des 15 ans, une fois le crédit remboursé, Alexandre et Amélie disposeront de revenus locatifs avec une fiscalité extrêmement attractive, liée aux amortissements comptables et aux charges déductibles des revenus perçus. 

3/ La stratégie Family Cash Box

La dernière stratégie pour permettre à notre couple d’entrepreneurs de générer des revenus complémentaires pour leur retraite est celle de la Family Cash Box. 

Alexandre et Amélie apportent 250 000 € en compte courant d’associés à une société à l’impôt sur les sociétés, nouvellement constituée et détenue majoritairement par leurs enfants. Cette société opte pour une allocation d’actifs financiers et/ou immobiliers génératrice de revenus réguliers avec un objectif de rendement de 6 % par an. Dans un premier temps, la société ne rembourse pas Alexandre et Amélie, elle réinvestie les flux qu’elle perçoit. 

Lorsqu’ils seront à la retraite, ils pourront organiser des retraits progressifs non fiscalisés sous forme de remboursement du compte courant. Ce mécanisme permet ainsi de transformer un capital disponible aujourd’hui en flux optimisés fiscalement pour demain. Ce schéma va permettre à Alexandre et à Amélie de : 

  • Générer des compléments de revenus dans 15 ans, 
  • Transmettre un patrimoine à leurs enfants au terme du délai de remboursement du compte courant d’associé, et ce, sans avoir recours à un mécanisme de donation avec paiement des droits. 

Grâce à la mise en œuvre de ces trois stratégies complémentaires, Alexandre et Amélie pourront bénéficier de 59 000 € brut annuels supplémentaires pendant les 10 premières années de leur retraire, tout en optimisant leur fiscalité et en préparant la transmission de leur patrimoine.  

Mélanie Marion

Conseillère en gestion de patrimoine

Philippe Audisio

Directeur Général Adjoint en charge du Sud-Est et de la formation

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