29 novembre 2025

La meilleure façon d’obtenir des revenus de son patrimoine

Dans les stratégies traditionnelles visant à générer des revenus, on investit dans des actifs générateurs de revenus (dividendes, loyers, coupons) pour financer son train de vie. Le montant des actifs nécessaires pour générer les revenus attendus dépend du rendement de ces actifs. Les actifs potentiellement générateurs de croissance du patrimoine sans revenus sont exclus de cette assiette. Cette opposition est largement artificielle. Elle omet un principe fondamental : l’argent est fongible. 

En effet, un euro reste un euro, qu’il provienne de revenus financiers ou du produit d’une cession d’actif. Ce qui est important, si on souhaite être « rentier » à long terme, c’est que les prélèvements opérés ne diminuent pas le capital initial. Cette contrainte offre davantage de possibilités d’investissement. 

Changer de paradigme et raisonner en budget de flux plutôt qu’en nature des flux

Plutôt que de chercher à constituer un portefeuille qui “verse naturellement” des revenus, on peut budgétiser les flux attendus (besoins de revenus) puis bâtir le portefeuille en fonction de ces échéances et non en fonction de la nature juridique des revenus. 

Concrètement, cela consiste à couvrir les premières échéances (3 à 5 ans) avec des instruments comme les fonds obligataires à échéances ou encore l’achat d’usufruit temporaire d’actifs immobiliers. Les premiers offrent une liquidité en cas d’imprévu et les seconds permettent d’avoir des flux de revenus indexés sur la revalorisation des loyers (logique de protection contre l’inflation). En procédant ainsi, cela permet d’investir sur des stratégies plus long terme comme les produits structurés ou les fonds de dette privée dont les objectifs de performance sont significativement supérieurs. 

On applique une organisation inspirée des fonds de pension : adosser les besoins financiers à des actifs dont les échéances, la volatilité et la liquidité sont compatibles avec le calendrier des retraits. 

On passe ainsi d’une logique  « je consomme ce que le portefeuille distribue »  à une logique  « le portefeuille est structuré pour financer mon projet de vie » . 

Tableau de comparaison des instruments financiers utilisés

Une approche novatrice qui offre plus de flexibilité

Cette approche a également le mérite d’offrir une plus grande flexibilité : on adapte les retraits à la vie réelle, sans dépendre d’une distribution régulière. 

Elle demande néanmoins une discipline pour éviter la consommation excessive du capital. Ceci est obtenu par un pilotage dynamique indispensable (rééquilibrage du portefeuille, prise en compte de la plus grande sensibilité aux cycles de marché pour la partie long terme, réajustement budgétaire).  

Ce qui compte n’est pas tant de “préserver le capital”, mais de préserver la capacité du patrimoine à financer un projet de vie durable. Dans une approche moderne, on ne consomme pas le capital, on l'organise, en l’adossant de manière adéquate aux besoins. 

François Jubin

Senior Advisor