25 juillet 2025

Gestion active va passive : entre performance et efficience

À l’heure où les ETF séduisent de plus en plus d’investisseurs, la question mérite d’être posée. Entre promesse de performance, coûts réduits et vrais enjeux de diversification, faisons le point sur deux approches qui façonnent le paysage financier d’aujourd’hui.

L'évolution historique des approches d'investissement

L'investissement a profondément évolué au cours du XXe siècle. Nos grands-parents investissaient en devenant actionnaires d'entreprises dont ils étudiaient minutieusement l'activité et les perspectives. Aujourd'hui, investir consiste de plus en plus à "acheter le marché” dans une approche infiniment plus court-termiste, notamment grâce aux ETF et à la gestion indicielle. 

Cette transformation s'est accélérée avec la création des premiers indices. En 1896, Charles Dow et Edward Jones conçoivent le Dow Jones, première tentative de représentation du marché américain. Dans les années 1950 émerge le S&P 500, introduisant la pondération par capitalisation boursière qui reste aujourd'hui la norme pour la plupart des indices européens créés dans les années 1980. 

Les biais inhérents aux indices

Malgré leur promesse séduisante de représenter  « le marché » , les indices comportent des biais structurels importants. Les indices pondérés par capitalisation sont procycliques : avant l'éclatement de la bulle technologique des années 2000, les valeurs TMT (technologie, médias, télécoms) étaient surreprésentées, puis nombre d'entre elles ont disparu des indices. Le même phénomène s'est reproduit en 2007 avec les secteurs bancaire et énergétique. 

Aujourd'hui, le S&P 500, considéré comme représentatif de la cote américaine, voit les valeurs de technologie comme les "Magnificent Seven" concentrer 40 % du total. De même, l'indice MSCI World, malgré son nom, concentre 74 % de sa pondération sur Wall Street. Cette concentration remet en question la véritable diversification offerte par ces indices  « larges » . 

Le succès phénoménal des ETF

Les ETF (Exchange Traded Funds) connaissent un succès planétaire avec des encours mondiaux atteignant 15 000 milliards de dollars. Ces produits séduisent par leur promesse simple : capter 100 % de la performance d'indices, et ce, à moindres frais. 

Cependant, ce succès transforme fondamentalement le fonctionnement des marchés. La gestion passive représente désormais un poids égal à la gestion active classique. Les ETF conduisent à une situation où les décisions d'achat ou de vente ne se prennent plus en fonction des caractéristiques des entreprises, mais en fonction de tendances de marché. Toutes les actions sont acquises et revendues simultanément, augmentant dangereusement la corrélation entre les titres et réduisant l'effet de diversification. 

L'efficience du marché comme critère de choix

La recherche empirique révèle que l'efficacité de la gestion active dépend largement du degré d'efficience du marché concerné. Sur les marchés efficients comme les actions américaines « large caps » ou les obligations d'État, la probabilité de surperformance des gérants actifs est faible. En revanche, sur les marchés moins efficients comme les pays émergents ou les petites capitalisations, voire les actions européennes « large caps », la gestion active offre de meilleures opportunités. 

Vers une approche pragmatique

L'avenir semble résider dans une approche hybride et pragmatique. Il s'agit d'utiliser la gestion passive sur les marchés les plus efficients pour bénéficier de coûts réduits, tout en privilégiant la gestion active sur les marchés moins efficients où elle peut réellement apporter de la valeur ajoutée. 

Cette évolution s'accompagne d'une prise de conscience croissante des limites du court-termisme. L'émergence de la gestion ESG (Environnement, Social, Gouvernance) illustre cette tendance, offrant un cadre naturellement orienté vers le long terme et une gestion véritablement active. 

Le défi pour les investisseurs du XXIe siècle consiste à tirer parti des qualités de chaque approche : exploiter l'efficacité et les faibles coûts de la gestion passive tout en préservant l'expertise et la valeur ajoutée de la gestion active là où elle peut faire la différence. 

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Muriel Tailhades

Directrice Générale Zenith AM

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