Tensions inflationnistes obligent, les investisseurs ont conservé cette semaine cette grille de lecture particulière qui les voit saluer les mauvaises nouvelles économiques… et sanctionner les indicateurs favorablement orientés. L’heure était donc « à la fête » en cette fin de semaine puisque les indicateurs étaient plutôt décevants. Les créations d’emplois (enquête ADP) sont ressorties très inférieures aux attentes. Le secteur privé n’a ainsi créé que 89 000 postes en septembre aux Etats-Unis… soit près de la moitié des 150 000 anticipés par les économistes !
Le marché du travail, qui reste une des préoccupations majeures de la Fed, redescend donc en température et la menace d’une « boucle prix-salaire »* s’éloigne. « Last but not least », les investisseurs ont donc accueilli également avec soulagement la nouvelle décélération de la progression des salaires pour le douzième mois consécutif. Dans le détail, l’enquête ADP laisse espérer une détente généralisée, puisqu’au-delà de la nette baisse des créations d’emplois, celle-ci semble toucher tous les secteurs, de l’industrie à la construction en passant par les services.
Après un mois de septembre défavorablement orienté sur les principaux indices, l’enquête ADP a sensiblement amélioré l’ambiance dans les salles de marché, les opérateurs décelant dans ces chiffres l’espoir d’une politique monétaire moins restrictive. Comme un symbole, les taux souverains américains ont effacé une petite partie de la hausse récente. Rappelons tout de même que le 10 ans américain continue de tutoyer les sommets et évolue à l’heure où nous écrivons ces lignes proches des 4,7% après avoir touché les 4,9% en milieu de semaine.
Puisqu’une « bonne mauvaise » nouvelle n’arrive jamais seule, un autre indicateur est venu nourrir l’espoir du ralentissement économique que la Banque centrale américaine appelle de ses vœux. Le secteur américain des services a vu son activité quasiment stagner en septembre, au vu de l'indice PMI calculé par S&P Global qui s'est établi à 50,1 contre 50,5 le mois précédent. Surtout, et après un recul de 2,1% en juillet, les commandes à l'industrie américaine ont augmenté de 1,2% en août, selon les chiffres publiés par le Département du Commerce. Cela témoigne du ralentissement de la demande domestique, et vient confirmer la faiblesse des dépenses de consommation des ménages en août publiée la semaine dernière. « Bad news is good news ». Les investisseurs surveilleront avec attention le rapport sur l’emploi du BLS attendu vendredi en espérant qu’il confirme les données évoquées ci-dessus. A suivre…
*Phénomène qui se caractérise par une hausse des salaires pour compenser l'inflation… ce qui soutient la demande, par conséquent les prix et crée une spirale inflationniste.