Publié le 24 mars 2023

Les valeurs bancaires toujours sous le feu des projecteurs… et la BNS sur le banc des accusés !

Largement plébiscitées ces derniers mois, car considérées comme les principales bénéficiaires de la remontée des taux d’intérêt, les valeurs bancaires du Vieux Continent viennent de vivre une quinzaine pour le moins agitée… qui aura vu certaines d’entre elles subir des salves de ventes massives, puis un rebond significatif à la faveur des évènements les plus récents.

Si la presse généraliste a fait grand bruit de la volatilité de ces titres sur les marchés actions, la véritable « action » s’est bien davantage jouée sur le marché obligataire.

Les conditions du rachat de la banque helvétique Crédit Suisse par sa concurrente UBS (et surtout les termes de l’intervention de la Banque Nationale Suisse) ont défrayé la chronique et complètement chamboulé le schéma classique d’une faillite d’entreprise.

Là où le gros de la perte en capital aurait dû être assumé par les détenteurs d’actions dans un premier temps, ce sont bien les détenteurs d’obligations dites « AT1 », ou « CoCo » (pour désigner des obligations convertibles*), qui ont subi des pertes totales… tandis que les actionnaires se voyaient racheter leurs actions par UBS (certes avec une très forte décote)…

Pourtant, le porteur d’obligations bancaires s’expose à un moindre risque que l’actionnaire. Pourquoi avons-nous assisté à cette « inversion des valeurs » ?

Il n’en fallait pas moins pour que les observateurs, au premier rang duquel les détenteurs de ces fameuses « AT1 » ne redoutent un scénario identique en cas de faillite d’une banque européenne.

Heureusement, la BCE a rapidement calmé les esprits en rappelant qu’un tel schéma était impossible en zone euro… Les investisseurs, rassurés que cette gestion de crise ô combien singulière ne puisse faire jurisprudence ont pu donc se repositionner sur les actifs qu’ils venaient de sanctionner…

*Obligations « AT1 » : il s’agit d’obligations à maturité fixe ou perpétuelle qui peuvent absorber certaines pertes ou être converties en capitaux propres (actions) lorsque le niveau de capital de l’émetteur descend en dessous d’un seuil prédéfini. Dans le cadre des obligations « AT1 » du Crédit Suisse, une dépréciation massive du bilan de la banque était contractuellement susceptible de déclencher la conversion de ces obligations en actions.