Les recettes des gérants pour obtenir du rendement
Hervé Rousseau – Le Figaro
10 février 2023
ANALYSE – Avec des taux plus élevés, il est désormais possible de doper les performances des portefeuilles.
En un an, la donne a totalement changé sur les marchés financiers. « 2022 est la première année où l’on a connu un krach obligataire aussi fort, couplé avec une correction sur les marchés actions » , lance Benoist Lombard, président du groupe de gestion de patrimoine Laplace.
Les repères du passé ont volé en éclats. « Entre le ralentissement de la croissance, la guerre en Ukraine et la volte-face des banques centrales, il y a eu une conjonction d’évènements macroéconomiques, politiques et géopolitiques inédite. Et tout est arrivé au même moment, lorsqu’on s’y attendait le moins ! » , ajoute Benoist Lombard.
La bonne nouvelle
Pour les investisseurs, les règles ont totalement changé. La longue période d’argent gratuit et disponible en quantités illimitées, alimentée par les politiques ultragénéreuses des banques centrales, a pris fin. En un peu plus d’un an, le principal taux directeur de la Réserve fédérale américaine (Fed) est passé de 0,25 % à 4,75 %, et celui de la Banque centrale européenne (BCE) de – 0,50 % à 2,5 %. Dans ce sillage, tous les taux ont grimpé. Pour les épargnants, ce mouvement a été très douloureux. Sur le marché des actions aux États-Unis, 2022 a été la pire année depuis 2008, avec une chute de plus de 18 % du Standard & Poor’s 500. L’indice large européen le Stoxx 600 a dégringolé d’environ 10 %. Quant aux obligations d’État de la zone euro, elles ont perdu en moyenne 18,5 % en 2022, selon les spécialistes de Groupama
.Les marchés se sont ainsi ajustés aux nouvelles conditions de taux. La bonne nouvelle : après des années de rémunération famélique de l’épargne, il est désormais possible de trouver des rendements attractifs. Même les placements à court terme retrouvent de l’attrait. « Il est aujourd’hui possible sur le marché monétaire d’obtenir 2 % à 2,5 % de rendement sans risque en capital et avec une liquidité permanente», explique le président de Laplace.
Il y a aussi une fenêtre pour investir dans les obligations. L’épargnant qui ne veut pas prendre trop de risques peut acheter des emprunts d’État émis par les pays les plus sûrs. De leur côté, les obligations émises par les entreprises les plus solides offrent désormais des coupons proches de 4 %. Les obligations à haut rendement (le fameux « high yield » ) proposent des rendements encore plus attrayants, autour de 7 % à 8 % pour des échéances de quatre à cinq ans. Mais elles sont émises par des sociétés situées dans le bas du classement des agences de notation, avec le risque que cela comporte. En finance, tout dépend du temps dont on dispose et du niveau de risque que l’on est disposé à accepter:«Il n’y a pas de rendement sans risque», prévient Christophe Auvity, responsable des obligations d’entreprises chez BNP Paribas AM.
Il y a bien mieux avec les actions. Le CAC 40 a reculé de 6,7 % l’an dernier. Mais, dans le même temps, les dividendes et les rachats d’actions ont fait un bond en avant. Au total, les champions français ont versé plus de 80 milliards d’euros à leurs actionnaires l’an dernier : 56,5 milliards d’euros de dividendes et 23,7 milliards d’euros de rachats d’actions, selon les calculs de La lettre Vernimmen. Un record !
Dividendes généreux
Les retours offerts par certains titres sont particulièrement attractifs. Engie rapporte ainsi un rendement sur dividende supérieur à 10 %. Parmi les entreprises les plus généreuses, on retrouve aussi Total Energies dont les profits ont été dopés par l’envolée des prix du pétrole et du gaz. Le titre sert un rendement supérieur à 6,5 %.
Après plusieurs années de vaches maigres, le secteur bancaire soigne ses actionnaires. Crédit agricole, Société générale et BNP Paribas affichent des rendements sur dividendes compris entre 6 % et 8,5 %. La Bourse a beau fluctuer au gré des bonnes et des mauvaises nouvelles, le versement de dividendes réguliers accroît d’année en année la valeur d’un portefeuille. À un horizon de dix ans, l’accumulation des dividendes représente ainsi près des trois quarts de la performance d’un portefeuille boursier. Le CAC 40 évolue aujourd’hui autour de 7000 points. Mais le CAC 40 GR, calculé dividendes réinvestis, parti comme lui de 1000 points en 1988, est aujourd’hui proche de 21.000 points, trois fois plus!
Il est également possible de se tourner vers des placements alternatifs Les marchés du non-côté (Private Equity) et de la dette des PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire), longtemps réservés aux professionnels, s’ouvrent peu à peu aux particuliers, via des fonds d’investissement spécialisés. Les rendements sont très attractifs, souvent supérieurs à 10 % l’an. Mais il faut s’armer de patience. Primonial recommande « une durée de placement de dix ans » .
La fulgurante ascension des valeurs technologiques liées à l'intelligence artificielle suscite des comparaisons inquiétantes avec la bulle internet de 2000. Le Nasdaq affiche une progression spectaculaire, portée par les géants de la tech dont les valorisations atteignent des sommets. Pourtant, malgré certaines similitudes, la situation actuelle présente des différences fondamentales qui invitent à la nuance plutôt qu'à la panique.
Pour de nombreux dirigeants et professions libérales, la question n’est plus seulement "comment se constituer une retraite complémentaire", mais comment le faire tout en optimisant la fiscalité de son revenu professionnel.
L’optimisation fiscale est une pratique légale qui consiste à utiliser des dispositifs légaux afin de réduire sa charge fiscale, ce sans contourner l’esprit des lois. Elle s’inscrit dans une stratégie patrimoniale globale et doit être distinguée de l’abus de droit, sanctionné par l’article L64 du Livre des procédures fiscales. L’abus de droit survient lorsque des opérations sont réalisées dans un but principalement fiscal, sans justification économique réelle. Cette frontière est essentielle : optimiser, oui, mais dans le respect non seulement des textes mais de l’esprit qui a présidé à leur rédaction.
Alors que les projets de loi de finances et de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 sont toujours en cours d’examen au Parlement, il demeure d’affirmer avec certitude que ces lois seront promulguées avant la fin de l’année 2025.
Instauré par la loi de finances pour 2013, l’article 150-0 B ter du CGI encadre les opérations « d’apport-cession » . Au fil des années, ce mécanisme est devenu un outil important de la planification des dirigeants actionnaires. Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO 2024) relève qu’en 2021 près de 13 Md€ de nouvelles plus-values ont été placées en report d’imposition via ce régime.
Dans les stratégies traditionnelles visant à générer des revenus, on investit dans des actifs générateurs de revenus (dividendes, loyers, coupons) pour financer son train de vie. Le montant des actifs nécessaires pour générer les revenus attendus dépend du rendement de ces actifs. Les actifs potentiellement générateurs de croissance du patrimoine sans revenus sont exclus de cette assiette. Cette opposition est largement artificielle. Elle omet un principe fondamental : l’argent est fongible.