20 décembre 2023

Quelles solutions pour optimiser l’abattement sur les donations ?

Dans le cadre d’une donation, transmettre des placements financiers peut s’avérer très avantageux. Des solutions plus efficaces qu’un simple don en somme d’argent existent, mais lesquelles ?

1. Donner un compte-titres

Le compte-titres permet d’investir sur la plupart des instruments financiers : actions et obligations cotées, OPCVM, produits structurés, fonds d’investissement alternatifs… et à l’instar d’une succession, les plus-values latentes peuvent être purgées par une donation. 

Par exemple :

  • En décembre 2020, Monsieur Luxe achète 125 actions LVMH au cours de 500 € pour un prix de revient de 125*500 = 62 500 €
  • En août 2023, l’action LVMH vaut 800 €

Son portefeuille est valorisé 125*800 = 100 000 €

La plus-value latente est donc de 100 000 (valeur de cession) – 62 500 (valeur à l’acquisition) = 37 500 €. Si Monsieur Luxe décide de vendre ses actions pour donner à sa fille Mercedes, le PFU de 30 % s’applique par défaut sur la plus-value et engendre une fiscalité de 11 250 €. Monsieur Luxe peut donner 100 000 – 11 250 = 88 750 €

Si Monsieur Luxe donne son portefeuille et que sa fille vend les titres dans la foulée, la plus-value-latente est purgée.

En effet, le prix de cession sera dans ce cas identique (ou quasiment identique) à la valeur au jour de la donation, qui sera la valeur comptabilisée dans le patrimoine de Mercedes et non pas la valeur à l’acquisition par Monsieur Luxe. Le frottement fiscal sera nul (ou quasi nul).

→ Monsieur Luxe aura transmis 100 000 €. Il évite une pression fiscale de 11,25 % sur le montant de la donation

2. Donner un contrat de capitalisation

Dans un objectif de capitalisation, le compte-titres ne s’avère pas forcément le support privilégié : en effet les plus-values de cession (comme les dividendes ou les intérêts) seront imposées l’année de leur constatation.

A contrario, le contrat de capitalisation est une enveloppe fiscale similaire à l'assurance-vie et qui bénéficie des mêmes avantages : investissements possibles en fonds en euros ou en unités de comptes, souplesse de gestion et une taxation seulement lorsqu’une plus-value est constatée lors d’un retrait.

Mais en tant que produit de capitalisation et non pas d’assurance, le contrat ne se dénoue pas au décès du souscripteur. Si de prime abord cela peut paraître moins avantageux que l'assurance-vie, un atout considérable est de pouvoir être transmis via une donation.

Et lorsque la stratégie est de donner sans se démunir tout en diminuant l’assiette taxable d’imposition, alors il est possible pour le souscripteur de réaliser une donation avec réserve d’usufruit.

Le démembrement permet de partager la propriété d’un actif dans le temps : d'un côté l'usufruitier qui peut user du bien et en percevoir les fruits, puis de l'autre le nu-propriétaire qui en deviendra plein propriétaire à l’extinction de l’usufruit (i.e. au décès de l’usufruitier).

Reprenons le cas pratique :

Concrètement, quels sont les avantages pour Monsieur Luxe, 52 ans, de donner la nue-propriété et conserver l’usufruit d'un contrat de capitalisation valorisé 200 000 € à sa fille ?

  • Seule la nue-propriété du capital transmis est soumise aux droits de donation. Il y a donc une décote relative à l'âge de l'usufruitier au moment de la donation.
    Entre 81 et 90 ans, la nue-propriété est égale à 80 % de la valeur du bien ;
    Entre 71 et 80 ans, 70 % ;
    Entre 61 et 70 ans, 60 % ;
    Entre 51 et 60 ans, 50 % ;
    […]

→ Si Monsieur Luxe donne la nue-propriété de son contrat à sa fille, l’assiette imposable sera de 200 000 * 50% = 100 000 €
Or l’abattement sur les donations étant de 100 000 € par enfant tous les 15 ans, Monsieur Luxe transmet son contrat valorisé à 200 000 € sans fiscalité. À son décès, sa fille sera pleine propriétaire du contrat sans aucun droit supplémentaire. Si tout ou partie des sommes ont été retirées par Monsieur Luxe, sa fille pourra recouvrir sa créance sur le reste de la succession.

  • En tant qu'usufruitier, Monsieur Luxe conservera la gestion du contrat et en percevra les revenus.

→ Si les actifs investis au sein du contrat génèrent un rendement net de 6 % (allocation diversifiée entre fonds obligataires datés, produits structurés et Private Equity), Monsieur Luxe pourra bénéficier de 200 000 * 6 % = 12 000 € soit un complément de revenus brut de 1 000 € mensuels, dont le PFU s’appliquera sur une quote part de 5,7 % (12 000 / 212 000) soit une fiscalité d’environ 17 € mensuelle.

Pour aller plus loin, un contrat luxembourgeois peut être également sujet à donation en nue-propriété pour combiner avantages du Grand-Duché (triangle de sécurité, neutralité fiscale) et optimisation d’une stratégie de transmission de son vivant.

Enfin, d’autres solutions existent et méritent d’être évoquées comme les groupements forestiers (GFF) : les forêts détenues au travers d’un Groupement Forestier permettent de bénéficier d’un abattement de 75% sur la valeur des forêts pour calculer les droits de transmission à titre gratuit (sous certaines conditions). Difficile de faire plus efficace…

Bertrand Rabot

Directeur de l'Offre

Lire aussi
 
17 novembre 2023

Le CPI américain met le feu au marché ; Une "bonne" mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule

Les semaines se suivent et se ressemblent sur la planète finance… Après le trou d’air de septembre/octobre, les principales classes d’actifs continuent en ce mois de novembre de surfer sur des indicateurs économiques perçus comme favorables. L’optimisme ambiant des salles de marché tient avant tout à la publication mardi de l’indicateur « CPI » (inflation) du mois d’octobre.

10 novembre 2023

La détente des taux se poursuit en Europe... ; ... et chez nos amis américains !

Difficile d’imaginer les investisseurs se réjouir d’un affaiblissement de l’activité. C’est pourtant la tendance qui continue de se dessiner cette semaine, sur fond de données économiques en déclin… Des données qui ont donc contribué à nourrir le recul des taux souverains de l’Euroland, ce qui profite par extension aux principaux indices actions. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le CAC 40 rebondit ainsi de +2.16% depuis le début du mois.

3 novembre 2023

Bonne nouvelle : l'inflation continue sa décrue... ; ... et l'activité ralentie ; Les marchés repartent

L’inflation en zone euro continue de baisser pour atteindre à 2.9% sur les 12 derniers mois en octobre. Le précédent chiffre était de 4.3% en septembre. L’amélioration est notable. Elle provient en grande partie d’un effet de base sur les prix de l’énergie. Hors énergie et alimentation, les chiffres sont moins élogieux (+4.2% contre 4.5%) mais confirment le scénario central attendu par les intervenants de marché.

27 octobre 2023

Les taux obligataires repartent à la hausse. Quel impact sur la stratégie d’investissement ?

Les taux des emprunts obligataires sont remontés au cours des deux derniers mois. Si la désinflation et le ralentissement dans les économies développées demeurent les deux tendances économiques de fonds qui devraient conduire les banques centrales à modifier leur politique monétaire en 2024, les marchés obligataires ont joué un autre scénario, avec des tensions inflationnistes persistantes et une croissance économique restant solide.

27 octobre 2023

Désintermédiation bancaire et hausse des taux, frein ou opportunité pour les intermédiaires de financement ?

La dégradation des conditions de financement bancaire n’a échappé à personne. Les modèles de financements alternatifs se sont développés pour s’y substituer et répondre aux besoins des jeunes entreprises innovantes, mais également pour des projets rentables dans des secteurs très variés. La hausse des taux se pose-t-elle alors comme un frein ou une opportunité pour les intermédiaires de financement non bancaire ?

27 octobre 2023

Hausse des taux et immobilier : un effet transitoire

Les investisseurs immobiliers sont confrontés à un nouveau défi : la hausse des taux d'intérêt conjointement à une augmentation de l'inflation. Même si le marché immobilier a déjà connu des phases de taux d’intérêt bien plus élevés, le contexte inflationniste dessine en effet un nouvel environnement.