28 février 2024

« Donner la possibilité aux Tunisiens et aux Franco-Tunisiens résidant en Tunisie de gérer leurs avoirs étrangers, en accord avec la BCT »

Article l'Économiste Maghrébin
Propos recueillis par Khémaies Krimi
Source, l'Économiste Maghrébin

Dans une interview accordée à l'Economiste Maghrébin, le directeur Laplace Afrique, base en Tunisie, Laurent Caizergues, revient sur ses missions d'accompagnement de la clientèle française et binationale, en particulier pour tirer le meilleur profit de ses avoirs en devises étrangères.Dans cet entretien, il évoque également les conditions à réunir pour assurer l'échange automatique d'informations et les personnes pouvant être intéressées par cette démarche.

Vous exercez dans la gestion de patrimoine internationale. Pouvez-vous nous présenter votre activité ?

Laplace est une société de conseils dédiée à la gestion privée. Forts de plus de 30 ans d'expérience, nous bénéficions d'un savoir-faire exclusif et de compétences singulières pour offrir à nos clients des conseils patrimoniaux personnalisés. Nous assurons un suivi à long terme, fournissant à nos clients les meilleurs conseils et solutions d'investissements pour la préservation et la croissance de leur patrimoine, que ce soit en France ou à l'étranger. Laplace adopte une approche interprofessionnelle dans son développement en collaborant avec des experts du chiffre et du droit sur tous les territoires où nous développons notre activité.

Le Groupe français Laplace, dont vous venez de faire mention, vient d'ouvrir un bureau à Tunis. En votre qualité de directeur de ce bureau, pourriez-vous nous éclairer sur sa mission ?

Nous sommes présents à Tunis depuis 14 années, mais nous avons choisi de faire de notre nouveau bureau basé à La Marsa le point de départ pour notre développement en Afrique, renforçant ainsi la proximité avec nos clients afin de mieux appréhender les réglementations locales et les besoins spécifiques de la clientèle résidant en Tunisie. Notre mission consiste à accompagner les personnes physiques et morales dans l'organisation de leur patrimoine et les solutions d'investissement en devises, conformément aux normes locales et internationales, en particulier en ce qui concerne la réglementation des changes et les obligations fiscales. Notre approche cible est de créer de la valeur ajoutée pour les clients au travers de nos propositions d'investissements tout en contribuant au développement de la Tunisie. Cela s'inscrit dans une approche de partage de la valeur ajoutée respectueuse, où le paiement d'impôts dans le pays de résidence contribue activement à son développement, s'inspirant ainsi d'une vision de la finance circulaire, par analogie à l'économie circulaire.

Votre bureau est dénommé Laplace Afrique, est-ce qu'il a des ambitions africaines ?

Implantés en Tunisie depuis 14 ans, nous avons choisi Tunis comme point de départ pour étendre nos activités en Afrique, en raison de l'importance de ses infrastructures et de ses compétences. Nous sommes convaincus que, compte tenu de certains avantages majeurs dont jouit le pays, il est possible d'entreprendre de nombreuses initiatives à partir de la Tunisie. Parmi ces atouts, le positionnement géographique privilégié du pays et ses liens économiques et linguistiques forts avec la France occupent une place particulière. Ces avantages constituent des incitations favorables à des investissements durables.

Quel est le poids du Groupe Laplace en France et dans le monde ?

Présent à travers 34 implantations, dont 25 en France et 9 à l'international, y compris la Tunisie, le groupe Laplace veille à assurer une relation de proximité Il accompagne 50 000 clients particuliers chefs d'entreprise, professions libérales, groupes familiaux, dans la structuration, l'optimisation et la transmission de leur patrimoine personnel et professionnel, au fil des générations. Grâce à la complémentarité des expertises regroupées au sein de Laplace, chaque client bénéficie d'une stratégie et d'un accompagnement sur mesure avec ses 420 collaborateurs, en toute confidentialité et en parfaite maîtrise du potentiel de son patrimoine à court, moyen et long terme.

En 2023, les avoirs sous gestion du Groupe ont atteint près de 8 milliards d'euros. En 2024, les acquisitions en cours devraient permettre au groupe de devenir le leader français indépendant de la gestion de patrimoine en France et à l'international.

D'après vos projections, vous estimez que la Tunisie et les Tunisiens sont préparés pour adhérer à vos stratégies patrimoniale et d'investissement ?

En Tunisie, la réglementation de change suscite une certaine incompréhension et appréhension. Lorsqu'un système d'échange automatique d'informations sera instauré, il s'imposera naturellement si les parties concernées respectent à la fois la réglementation des changes et les obligations fiscales.

La réforme réalisée par la BCT en 2017 simplifie les conditions d'ouverture et de fonctionnement du Compte de Personnes Physiques Résidentes (PPR) en devises ou en dinar convertible. Bien que ce compte ne permette pas le placement rémunéré, cela encourage les détenteurs de fonds à envisager des stratégies d'investissement à l'étranger avec des revenus rapatriés en Tunisie, créant ainsi une dynamique gagnant-gagnant économiquement. Les règles mises en place pour la détention de ce compte facilitent la traçabilité des fonds, favorisant les opérations inter-nationales, un aspect positif.La Tunisie pourrait regagner une position de leader en Afrique en améliorant la transparence et la traçabilité de ses flux financiers et l'échange automatique d'informations pourrait y participer et permettre la simplification de la réglementation de change.

Il est essentiel de changer la perception de la Tunisie en tant que petit pays dépendant de son protectionnisme, selon ma vision. Dotée d'infrastructures développées, d'une main-d'œuvre qualifiée, d'une diversité économique et d'une politique propice aux investissements, la Tunisie présente des avantages compétitifs. En instaurant des réglementations favorables en matière de change pour ses résidents et en optant rapidement pour l'échange automatique d'informations, la Tunisie pourrait non seulement améliorer ses possibilités et retrouver une position de leader en Afrique mais également devenir un hub méditerranéen encore plus attrayant.

Vous parlez beaucoup d'échange automatique d'informations. En quoi ce mécanisme est-il nécessaire ?

Le mécanisme d'échange automatique d'informations est indispensable pour plusieurs raisons essentielles liées à la transparence fiscale à la lutte contre l'évasion fiscale, et à la promotion de la coopération internationale, ce qui facilite la création de valeur pour tous les pays participants. Son objectif principal est de prévenir et de combattre l'évasion fiscale en facilitant le partage d'informations financières entre les autorités fiscales des différents pays. Ce mécanisme permet de détecter les stratégies d'évitement fiscal, assurant ainsi le respect des obligations fiscales des contribuables.

En accroissant la transparence fiscale, il offre aux pays une visibilité sur les activités financières transfrontalières, contribuant à la prévention des pratiques fiscales abusives et à la promotion d'une répartition équitable de la charge fiscale.

Ce mécanisme favorise également la coopération entre les juridictions nationales. En partageant automatiquement des informations financières, les pays renforcent leur capacité à collaborer dans la lutte contre la fraude fiscale et les activités financières illicites, préservant ainsi les recettes publiques par une meilleure collecte des impôts. Il aide également les pays à se conformer aux normes internationales contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, renforçant ainsi leur crédibilité et leur réputation. Cette crédibilité facilitera les échanges financiers des entreprises et des personnes physiques.

Quelles sont les personnes ciblées par vos services ?

Ce sont principalement des grandes familles, des chefs d'entreprise, des professions libérales ou encore des salariés cadres qui bénéficient d'une bonne situation, soit au travers de leurs revenus ou au travers d'un patrimoine familial. Ils disposent généralement de devises grâce à leur activité professionnelle ou à leurs investissements en Tunisie, Nous établissons avec eux une relation de confiance sur le long terme pour répondre le plus précisément possible à leurs problématiques patrimoniales sur les volets civil, fiscal, juridique et bien sûr en matière d'investissement. À partir de là, il devient possible de créer un cercle vertueux dans leur gestion patrimoniale internationale et leurs investissements.

Quel est votre programme pour sensibiliser les éventuels clients tunisiens ?

Nous allons sensibiliser nos partenaires locaux du droit et du chiffre au travers de réunions d'informations thématiques que nous appelons « Club Experts », qui permettent d'aborder les différentes problématiques dans la gestion du patrimoine international de leurs clients. Nous envisageons également d'organiser des évènements dédiés à un public de non-initiés sur ces mêmes thématiques, au travers de nos partenariats avec des organismes associatifs ou des réseaux d'affaires.

À travers cette manifestation, vous ciblez quels éventuels clients ?

Nous ciblons les personnes qui travaillent particulièrement à l'export, toutes les personnes qui ont des revenus en devises et toutes celles qui travaillent avec une patente à l'international.

Et pour ne rien oublier, voulez-vous nous parler de votre parcours ?

Depuis 2009, je réside en Tunisie en tant que représentant du groupe Crystal et sa filiale Laplace pour le marché africain. Cela fait plus de vingt ans que je travaille dans le métier de la gestion de patrimoine internationale au sein du groupe Crystal, en ayant eu auparavant des fonctions de direction en Amérique latine et de CGP au Moyen-Orient. En parallèle, je m'engage associativement tant au niveau local auprès de la communauté française de l'étranger en Tunisie qu'au niveau mondial pour défendre leurs intérêts auprès de nos représentations diplomatiques et en France.

Il est important de noter que la gestion du patrimoine n'est pas encore une activité formalisée en Tunisie. Les Tunisiens et les Tuniso-Français manifestent un intérêt marqué pour les investissements en France, que ce soit dans l'immobilier ou d'autres supports. Nous les informons et les conseillons, en collaboration avec nos partenaires locaux, en veillant à respecter rigoureusement les normes et à agir avec une transparence totale. Nous sommes convaincus que la réussite se construit en respectant les règles éthiques et légales.

Article l'Économiste Maghrébin
Propos recueillis par Khémaies Krimi
Source, l'Économiste Maghrébin

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