23 février 2024

Les banques centrales restent à la manœuvre

Le taux d’emprunt à 10 ans aux États-Unis a connu un nouveau rebond cette semaine à 4,30% alors que la Fed a réitéré sa volonté de ne pas vouloir se précipiter pour baisser ses taux directeurs. Bien que les progrès constatés sur les fronts de l’inflation et de l’emploi restent encourageants, les membres de la Réserve Fédérale affichent une prudence compréhensible à l’idée d’une détente trop rapide des conditions de financement. Un mouvement trop rapide ou trop prononcé pourrait en effet relancer la spirale inflationniste, balayant ainsi tout ou partie des efforts réalisés jusqu’ici. En contrepartie, la banque centrale a aussi communiqué sur sa volonté d’ajuster la vitesse de réduction de son bilan afin que ce processus puisse se poursuivre de façon moins marquée mais sur une période plus longue. Ceci devrait permettre d’alléger la pression qui pèse sur le système bancaire, déjà mis à mal en mars 2023 avec les faillites de plusieurs banques régionales américaines (Silicon Valley Bank, Silvergate Bank et Signature Bank).


Sur le Vieux Continent, le calendrier de réduction des taux directeurs est également sujet à beaucoup de retenue pour les membres de la BCE, mais pour des raisons différentes de leurs homologues américains. En effet, là où les États-Unis cherchent à dompter une économie qui fonctionne trop bien dans un contexte inflationniste, les européens visent à éviter une entrée en récession tout en jugulant les hausses de prix (l’indice CPI des prix à la consommation a d’ailleurs été publié ce jour à 2,8% sur un an en Zone Euro, un chiffre stable par rapport au mois précédent). La publication ce jeudi des indicateurs PMI en demi-teinte reflète à bien des égards cet équilibre délicat : la différence entre les indicateurs manufacturiers et ceux des services met par exemple en lumière les défis industriels auxquels nous faisons face. Tandis que le secteur tertiaire affiche des chiffres encourageants, la réindustrialisation du continent prend du retard, souffre de prix énergétiques élevés et d’un contexte de demande incertain à l’international. Les disparités géographiques ne sont pas en reste, puisque le PMI manufacturier de l’Allemagne poursuit son déclin (42,3 en février contre 45,5 en janvier) là où la France voit l’indicateur s’améliorer (46,8 contre 43,1 précédemment). Dans ce contexte, le pilotage d’une politique monétaire commune reste compliqué, et la BCE devrait vraisemblablement faire preuve de patience avant d’entrer à son tour dans une phase de baisse de ses taux directeurs. L’amélioration récente des indicateurs d’activité de la zone semble montrer que les décisions de ces derniers mois commencent à porter leurs fruits.

Les résultats à la rescousse

Nous évoquions la semaine dernière la différence de dynamique entre les marchés actions et obligataires, avec notamment les politiques des banques centrales occidentales pour principal responsable de la contreperformance sur les marchés de taux. Il semble que, a contrario, la dynamique des marchés actions soit bien plus favorablement orientée ces dernières semaines, à la faveur notamment d’une saison des résultats du dernier trimestre 2023 de bonne facture.

En Europe ce sont près de la moitié des sociétés de l’indice Stoxx 600 qui ont publié leurs résultats, avec 51% d’entre elles dépassant les attentes des analystes. Côté américain, au sein du S&P 500 la tendance est meilleure puisque 64% des publications ont dépassé les attentes parmi les 80% de sociétés ayant publié leurs résultats. On note aussi la progression des chiffres d’affaires des sociétés américaines (+9,6%) tandis que ces derniers sont en repli sur le Vieux Continent (-5,3%). Les entreprises du secteur de l’énergie influencent grandement ces tendances, et sans ces dernières on estime que le chiffre d’affaires des entreprises européennes afficherait une hausse de 0,6%.

Par ailleurs, les résultats des entreprises américaines sont tirés vers le haut par les « Magnificient Seven », les principales entreprises technologiques et parmi les plus grosses capitalisations boursières au monde. Parmi elles, Nvidia est la plus emblématique des sociétés portées par le développement fulgurant de l’intelligence artificielle. Battant toutes les estimations déjà très ambitieuses, l’entreprise a vu son chiffre d’affaires grimper de 22% sur le dernier trimestre 2023 (et de 265% en un an !). Cette thématique extrêmement porteuse à permis à l’entreprise spécialisée dans les cartes graphiques de dégager un bénéfice par actions de 5,16$ (contre 4,60$ attendus par les analystes). Les perspectives affichées sont également bien orientées, ce qui a permis au cours de l’action de bondir de plus de 15% à l’ouverture du marché américain (+275% sur 1 an) !

Ainsi, les bons résultats des entreprises expliquent en bonne partie la performance des indices depuis le début de l’année, notamment en comparaison avec les taux souverains. Mais certains analystes commencent désormais à s’interroger sur la place prépondérante de l’IA dans l’esprit des investisseurs… et commencent à parler de bulle spéculative…

Source : Zenith AM

Crédit images : Gettyimages

Achevé de rédiger par François Moisselin le 23/02/2024

Avertissement au lecteur. Données les plus récentes à la date de publication. Ceci est une communication publicitaire. Cet article promotionnel n'a pas de valeur pré-contractuelle ou contractuelle. Il est remis à son destinataire à titre d’information. Il fait état d’analyses ou descriptions préparées par Zenith AM sur la base d’informations générales et de données statistiques historiques de source publique. L’opinion exprimée ci-dessus est à jour à date de ce document et est susceptible de changer. Ces éléments sont fournis à titre indicatif et ne sauraient constituer en aucun cas une garantie de performance future. Ces analyses ou descriptions peuvent être soumises à interprétations selon les méthodes utilisées. Les analyses et/ou descriptions contenues dans cet article ne sauraient être interprétées comme des conseils ou recommandations de la part de Zenith AM. Cette note ne constitue ni une recommandation d’achat ou de vente, ni une incitation à l’investissement dans les instruments ou valeurs y figurant. Toute méthode de gestion présentée dans cet article ne constitue pas une approche exclusive et Zenith AM se réserve la faculté d’utiliser toute autre méthode qu’elle jugera appropriée. Zenith AM, société de gestion de portefeuille agréée par l’AMF sous le n° GP--11000028.

François Moisselin

Gérant de portefeuille 

Lire aussi
 
30 janvier 2024

Rôle, consentement et trajectoire de l’impôt

Le rôle de l’impôt a évolué au fil des siècles pour progressivement modifier ses objectifs économiques, perturbant ainsi le consentement à l’impôt... Dans sa conception classique, l'impôt sert à la couverture des dépenses publiques de la communauté ou de la société, les dépenses des services publics. Ce rôle original, et originel, de l'impôt est d’autant plus facilement acceptable que l’État utilise le prélèvement pécuniaire pour l’affecter, en vertu de sa puissance exclusive et régalienne, à des dépenses protectrices et éducatives.

29 janvier 2024

Immobilier : où investir en 2024 ?

Pour résumer l’année immobilière 2023, il est important de retenir que malgré la plus forte compression des volumes de transaction depuis 10 ans, les prix immobiliers n’ont connu qu’une correction lente, contenue et variable selon les territoires.

29 janvier 2024

Placements financiers : quelles perspectives pour 2024 ?

2023 est déjà loin derrière nous… Alors que reste-t-il d’une année d’attentisme influencée par la hausse des taux et d’une épargne sans risque rémunératrice ? Certaines classes d’actifs financiers ont su tirer leur épingle du jeu, mais prenons le temps de balayer les principales classes d’actifs et leurs perspectives !

26 janvier 2024

Comment se porte l’économie de l’Euroland ? Pendant ce temps, outre-Atlantique…

Parmi les indicateurs les plus suivis à l’heure de jauger la conjoncture économique, les indices d’activités PMI de la Zone Euro étaient au programme cette semaine. L’heure était à un pessimisme modéré en amont de la publication, puisque les économistes attendaient une publication en territoire de contraction. Un scénario qui n’aurait pas nécessairement été accueilli comme une mauvaise nouvelle pour les stratèges de la BCE…

12 janvier 2024

Les regards toujours tournés vers l'inflation... ; Les cryptos monnaies à un carrefour !

D'après le Département du Travail, l'indice des prix à la consommation américain a augmenté de 3,4% en décembre sur un an glissant. La publication à 14h30 ce jeudi du taux d'inflation américain CPI de décembre était, comme souvent en 2023, l’attraction principale de la semaine dans les salles de marché.

21 décembre 2023

Quels avantages à optimiser la transmission de son patrimoine avec les donations transgénérationnelles ?

Devant l’allongement de l’espérance de vie, il n’est pas rare d’envisager l’anticipation de la transmission de son patrimoine sur plusieurs générations. Depuis 2006, la donation transgénérationnelle permet au donateur de réaliser un « saut de génération » en gratifiant directement ses petits-enfants, et ce, au détriment de ses enfants qui acceptent de « céder leur place » à la génération suivante.