2 février 2024

Jerome Powell corrige la copie des opérateurs

Les semaines se suivent… et se ressemblent dans les salles de marchés, alors que les derniers jours ont été marqués par une volatilité persistante en lien avec les préoccupations croissantes liées à l'inflation. Les investisseurs ont en effet réagi aux indicateurs économiques, notamment aux chiffres de l'emploi aux États-Unis, qui ont dépassé les attentes… ce qui a pu également alimenter les craintes d'une politique monétaire plus stricte. C’est dans ce contexte que se tenait la toujours très attendue réunion de la Réserve Fédérale… qui n'a finalement offert aucune surprise majeure aux observateurs, avec le maintien des taux directeurs au niveau anticipé et une communication mesurée de la part de Jerome Powell.


Bien que l'institution exprime sa "confiance" dans la capacité de l'inflation à converger vers sa cible, elle se montre prudente et demande des preuves supplémentaires avant d'envisager une baisse des taux directeurs. Une position qui a conduit le président Jérôme Powell à exclure la possibilité d'une baisse en mars à ce stade, entraînant une réaction négative sur les marchés boursiers américains jeudi soir.


De manière plus surprenante, le rendement du 10 ans américain a chuté de plus de 10 points malgré le ton modérément restrictif de la Fed !


Avec élégance et diplomatie, Jerome Powell a (pour le moment) écarté d’un revers de main le rêve du marché, à savoir une éventuelle baisse des taux dès le mois de mars, en affirmant : "Je ne pense pas qu'il soit probable que le comité atteigne un niveau de confiance suffisant d'ici à la réunion de mars". Les autres commentaires du président incitent désormais les observateurs les plus optimistes à envisager la possibilité d'une première baisse des taux en mai… et les moins rêveurs en juin. A suivre !



La zone euro évite la récession !

Les chiffres du PIB du quatrième trimestre 2023 dans la zone euro ont réservé une surprise finalement positive, puisque l’Euroland affiche une croissance nulle après une légère contraction au trimestre précédent… et évite donc l’entrée en récession !

En dépit des effets du resserrement monétaire et des pertes de pouvoir d'achat des ménages, la stabilité globale du PIB dissimule toutefois, comme le souligne une analyse publiée par CM-CIC, des disparités significatives entre les pays membres. Tandis que l'Allemagne a connu une croissance négative (-0,3%) et la France stagné, l'Espagne, l'Italie et le Portugal ont enregistré une progression de leur activité. L'économie française a affiché une croissance de 0,9% en 2023.

Bien que la croissance ait stagné au cours de l'été et de l'automne, les six premiers mois de l'année ont été marqués par une activité économique plus robuste, permettant d'atteindre cette performance, selon l’INSEE. Pour évaluer cette performance, il est essentiel de prendre en compte l'évolution du PIB depuis 2019. Malgré la récession majeure en 2020 (-7,5%) due à la pandémie de Covid-19, la France a connu un rebond significatif en 2021 (+6,4%) et en 2022 (+2,5%).

Sur les cinq dernières années, la croissance moyenne annuelle en France s'élève à 0,7%... soit un niveau deux fois supérieur à celui de l'Allemagne, dont la croissance moyenne plafonne à 0,3%. L’Hexagone a donc mieux rebondi après la crise sanitaire, notamment à la faveur de son orientation vers les services tels que le tourisme, le commerce, les transports et la finance… tandis que l'Allemagne, axée sur l'industrie, a été plus durement touchée par l’inflation en 2023 en raison des prix élevés de l'énergie. Notons cependant que cette croissance française plus robuste s'accompagne d'une hausse importante des dépenses publiques, creusant la dette publique, passant de 97,4% du PIB en 2019 à 111,7% en 2023. En comparaison, l'Allemagne, moins dépensière, conserve un niveau de dette publique raisonnable, atteignant 64,8% du PIB.

Source : Zenith AM

Crédit images : Gettyimages

Achevé de rédiger par Guillaume Brusson et François Moisselin le 02/02/2024

Avertissement au lecteur. Données les plus récentes à la date de publication. Ceci est une communication publicitaire. Cet article promotionnel n'a pas de valeur pré-contractuelle ou contractuelle. Il est remis à son destinataire à titre d’information. Il fait état d’analyses ou descriptions préparées par Zenith AM sur la base d’informations générales et de données statistiques historiques de source publique. L’opinion exprimée ci-dessus est à jour à date de ce document et est susceptible de changer. Ces éléments sont fournis à titre indicatif et ne sauraient constituer en aucun cas une garantie de performance future. Ces analyses ou descriptions peuvent être soumises à interprétations selon les méthodes utilisées. Les analyses et/ou descriptions contenues dans cet article ne sauraient être interprétées comme des conseils ou recommandations de la part de Zenith AM. Cette note ne constitue ni une recommandation d’achat ou de vente, ni une incitation à l’investissement dans les instruments ou valeurs y figurant. Toute méthode de gestion présentée dans cet article ne constitue pas une approche exclusive et Zenith AM se réserve la faculté d’utiliser toute autre méthode qu’elle jugera appropriée. Zenith AM, société de gestion de portefeuille agréée par l’AMF sous le n° GP--11000028.

François Moisselin

Gérant de portefeuille 

Guillaume Brusson

Directeur de la Multigestion 

Lire aussi
 
17 novembre 2023

Le CPI américain met le feu au marché ; Une "bonne" mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule

Les semaines se suivent et se ressemblent sur la planète finance… Après le trou d’air de septembre/octobre, les principales classes d’actifs continuent en ce mois de novembre de surfer sur des indicateurs économiques perçus comme favorables. L’optimisme ambiant des salles de marché tient avant tout à la publication mardi de l’indicateur « CPI » (inflation) du mois d’octobre.

10 novembre 2023

La détente des taux se poursuit en Europe... ; ... et chez nos amis américains !

Difficile d’imaginer les investisseurs se réjouir d’un affaiblissement de l’activité. C’est pourtant la tendance qui continue de se dessiner cette semaine, sur fond de données économiques en déclin… Des données qui ont donc contribué à nourrir le recul des taux souverains de l’Euroland, ce qui profite par extension aux principaux indices actions. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le CAC 40 rebondit ainsi de +2.16% depuis le début du mois.

3 novembre 2023

Bonne nouvelle : l'inflation continue sa décrue... ; ... et l'activité ralentie ; Les marchés repartent

L’inflation en zone euro continue de baisser pour atteindre à 2.9% sur les 12 derniers mois en octobre. Le précédent chiffre était de 4.3% en septembre. L’amélioration est notable. Elle provient en grande partie d’un effet de base sur les prix de l’énergie. Hors énergie et alimentation, les chiffres sont moins élogieux (+4.2% contre 4.5%) mais confirment le scénario central attendu par les intervenants de marché.

27 octobre 2023

Les taux obligataires repartent à la hausse. Quel impact sur la stratégie d’investissement ?

Les taux des emprunts obligataires sont remontés au cours des deux derniers mois. Si la désinflation et le ralentissement dans les économies développées demeurent les deux tendances économiques de fonds qui devraient conduire les banques centrales à modifier leur politique monétaire en 2024, les marchés obligataires ont joué un autre scénario, avec des tensions inflationnistes persistantes et une croissance économique restant solide.

27 octobre 2023

Désintermédiation bancaire et hausse des taux, frein ou opportunité pour les intermédiaires de financement ?

La dégradation des conditions de financement bancaire n’a échappé à personne. Les modèles de financements alternatifs se sont développés pour s’y substituer et répondre aux besoins des jeunes entreprises innovantes, mais également pour des projets rentables dans des secteurs très variés. La hausse des taux se pose-t-elle alors comme un frein ou une opportunité pour les intermédiaires de financement non bancaire ?

27 octobre 2023

Hausse des taux et immobilier : un effet transitoire

Les investisseurs immobiliers sont confrontés à un nouveau défi : la hausse des taux d'intérêt conjointement à une augmentation de l'inflation. Même si le marché immobilier a déjà connu des phases de taux d’intérêt bien plus élevés, le contexte inflationniste dessine en effet un nouvel environnement.