19 février 2024

Mais que se passe-t-il sur les 10 ans américain ?

Moins évidente à appréhender que celle du marché actions, la dynamique actuellement à l’œuvre sur le marché obligataire américain offre un regard sur les défis auxquels la première économie mondiale doit faire face. Le fait que l’indice S&P 500 vienne d’inscrire de nouveaux records historiques en franchissant le seuil symbolique des 5000 points laisse à penser que les investisseurs sont confiants dans l’avenir des entreprises outre Atlantique. Mais pourquoi ne retrouve-t-on donc pas cette dynamique sur le marché obligataire ?

Prenons pour exemple un indicateur très suivi par les investisseurs, à savoir le taux d’emprunt à 10 ans du marché américain (que l’on peut considérer comme le pendant obligataire du S&P 500) : après avoir atteint un pic à près de 5% à l’automne, la situation s’est améliorée fin 2023 avec en ligne de mire la perspective des baisses de taux directeurs en 2024 par la Réserve Fédérale. Le 10 ans US s’était alors replié sous la barre des 4%, avec un point bas sous les 3,8%. Pourtant, depuis ce point bas de fin décembre, la tendance est repartie à la hausse et le 10 ans américain se situe désormais au-dessus de 4,2%... Comment expliquer un tel phénomène ? Et pourquoi une telle tendance tandis que le marché actions semble au beau fixe ? La clef du mystère tourne autour de la banque centrale des États-Unis, qui avait annoncé fin 2023 vouloir mettre fin aux hausses de taux directeurs, et souhaitait même rentrer dans une phase de repli des taux directeurs en 2024. Le fameux point pivot, symbole tant attendu des investisseurs dans la lutte contre les pressions inflationnistes, était atteint ! Cependant, les communications récentes des banquiers centraux du pays de l’Oncle Sam ont calmé les ardeurs des investisseurs : en attendant un retour durable de l’inflation sur ses niveaux cibles, l’institution restera « data dependant » et continuera de vouloir éviter la surchauffe de l’économie.

La publication mardi dernier d’une inflation de 3,1% sur un an alors que le consensus attendait 2,9% montre que le combat n’est pas terminé. Si la dynamique reste globalement bien orientée (l’inflation annuelle était de 3,4% le mois précédent), cette publication a pris de court un certain nombre d’intervenants qui espéraient voir la Fed procéder bientôt, et à un rythme élevé, à une baisse des taux directeurs. Il en va de même sur le marché du travail, où la bonne dynamique (353 000 créations nettes d’emplois sur le seul mois de janvier 2024) constitue un frein à la lutte contre l’inflation… Il faudra faire preuve de patience, puisque le consensus des investisseurs table désormais sur un statu quo de la Fed pour les deux prochaines réunions de mars et de début mai. La première baisse des taux directeurs pourrait ainsi n’avoir lieu qu’en juin. Et c’est bien ce contretemps qui explique en grande partie la remontée récente du taux d’emprunt 10 ans sur les marchés américains. 

L'Europe aperçoit-elle une lumière au bout du tunnel ?

Qu’en est-il du côté du Vieux Continent ? S’il est évident que les problématiques d’inflation continuent de cristalliser l’attention des banquiers centraux et des investisseurs, les défis restent différents de ceux rencontrés outre Atlantique. Guerre en Ukraine, prix de l’énergie, transition énergétique viennent ainsi s’ajouter à la lutte contre l’inflation, le tout avec pour objectif de préserver une difficile unité au sein de l’Union Européenne et de la Zone Euro. En ce qui concerne la Banque Centrale Européenne, la lutte contre l’inflation est au cœur des débats, mais avec pour objectif d’éviter une entrée en récession de toute la zone.

Alors que le calendrier prévu pour les premières baisses de taux directeurs s’affine pour 2024, une bonne nouvelle est arrivée du côté de la macro-économie avec la publication hier des chiffres de la production industrielle qui a rebondi de 2,6% en décembre 2023 pour la Zone Euro. Bien sûr, il convient d’analyser plus en détail ce chiffre pour s’apercevoir que des spécificités liées à l’Irlande (et plus particulièrement ses nombreuses multinationales) ont artificiellement fait gonfler le chiffre, mais l’orientation globale des données pour l’ensemble du continent est plutôt bonne, d’autant qu’elle est venue confirmer la trajectoire haussière des indicateurs PMI de ces derniers mois. Si les disparités persistent (l’Allemagne continue de souffrir de ses problématiques énergétiques), il semble toutefois que la récession a été évitée et que l’assouplissement monétaire à venir favorisera une reprise plus marquée de l’économie à moyen terme.

Source : Zenith AM

Crédit images : Gettyimages

Achevé de rédiger par François Moisselin et Guillaume Brusson le 16/02/2024

Avertissement au lecteur. Données les plus récentes à la date de publication. Ceci est une communication publicitaire. Cet article promotionnel n'a pas de valeur pré-contractuelle ou contractuelle. Il est remis à son destinataire à titre d’information. Il fait état d’analyses ou descriptions préparées par Zenith AM sur la base d’informations générales et de données statistiques historiques de source publique. L’opinion exprimée ci-dessus est à jour à date de ce document et est susceptible de changer. Ces éléments sont fournis à titre indicatif et ne sauraient constituer en aucun cas une garantie de performance future. Ces analyses ou descriptions peuvent être soumises à interprétations selon les méthodes utilisées. Les analyses et/ou descriptions contenues dans cet article ne sauraient être interprétées comme des conseils ou recommandations de la part de Zenith AM. Cette note ne constitue ni une recommandation d’achat ou de vente, ni une incitation à l’investissement dans les instruments ou valeurs y figurant. Toute méthode de gestion présentée dans cet article ne constitue pas une approche exclusive et Zenith AM se réserve la faculté d’utiliser toute autre méthode qu’elle jugera appropriée. Zenith AM, société de gestion de portefeuille agréée par l’AMF sous le n° GP--11000028.

François Moisselin

Gérant de portefeuille 

Guillaume Brusson

Directeur de la Multigestion 

Lire aussi
 
27 octobre 2023

Shortcast - Profession libérales

Mélanie Collu, Directrice Ingénierie Patrimoniale Groupe, revient dans un podcast sur l'arrêt de la Cour de Cassation, rendu le 19 octobre dernier, concernant l'application des cotisations sociales aux dividendes distribués par les SEL à leur société holding constituée sous forme de SPFPL.

26 octobre 2023

Enfin une pause côté BCE ; La saison des résultats se poursuit...

Après 10 hausses consécutives des taux directeurs, l’heure du tournant monétaire de la Banque Centrale Européenne est-il enfin arrivé ? S’il est trop tôt pour certifier que les taux ne seront plus relevés ces prochains mois dans l’Euroland, la BCE a bien acté cet après-midi ce qu’anticipait le consensus, confortée dans sa vision des dernières semaines par l’évolution des derniers indicateurs économiques qui traduisent un ralentissement en cours de l’activité sur le Vieux Continent… et donc la transmission de la politique monétaire à l’économie.

20 octobre 2023

Les taux toujours scrutés de près... ; Le retour du risque géopolitique ; Pendant ce temps, dans l'économie réelle...

Les semaines se suivent… et l’attention des opérateurs reste centrée sur l’évolution des politiques monétaires de part et d’autre de l’Atlantique ! La détente des taux d’intérêts que nous évoquions dans nos précédentes communications appartient déjà au passé et le taux à 10 ans américain a franchi cette semaine le seuil symbolique des 4.9%... un territoire qu’il n’avait plus visité depuis 2007 !

20 octobre 2023

Pour une indexation des taxes

Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. L’aphorisme de Blaise Pascal mériterait d’être chuchoté aux oreilles des rédacteurs de Bercy, tant il prend tout son sens à la lecture de l’exposé des motifs de la revalorisation du barème de l’impôt sur le revenu exigible en 2024.

13 octobre 2023

Détente des taux US toujours en cours... ; Bientôt des mesures de relance en Chine

Assiste-t-on à un point d’inflexion de la stratégie de la Fed ? La question se pose après les dernières déclarations de membres comme M. Daly (San Francisco) et R. Bostic (Atlanta), qui ont nettement contribué à nourrir le recul des taux souverains… et le rebond des marchés actions.

6 octobre 2023

Le paradoxe de 2023 ; La semaine des marchés, en bref !

Tensions inflationnistes obligent, les investisseurs ont conservé cette semaine cette grille de lecture particulière qui les voit saluer les mauvaises nouvelles économiques… et sanctionner les indicateurs favorablement orientés.