UNE ACCALMIE DU CÔTÉ DE L’EMPLOI…
« Enfin », la demande de main d’œuvre semble ralentir ! S’il peut paraître au premier abord surprenant qu’une baisse des offres d’emploi soit perçue comme une excellente nouvelle économique, le diable se trouve dans les détails…
Dans son périlleux combat contre l’inflation, la Banque centrale américaine surveille comme le lait sur le feu le marché de l’emploi et plus précisément la mise en place d’une boucle prix-salaires. Jamais lors des deux dernières décennies le ratio entre les postes vacants et les chômeurs n’avait traduit une telle tension au détriment des entreprises.
Il est donc peu de dire que les investisseurs aient applaudi des deux mains la nette rechute de cette tension. Les opérateurs les plus optimistes y ont de plus décelé les arguments pour que la Fed ne relève ses taux que de 50bp au lieu de 75 lors de la prochaine réunion. Concrètement, le nombre d’offres d’emploi a diminué de 1,1 million en août… et il y avait 1,67 postes vacants par chômeur… contre 1,97 en juillet. C’est bien sûr toujours bien plus élevé que le 1,15 de la fin de 2019… mais le processus d’ajustement semble clairement lancé.
De manière plus probable, la Fed pourrait maintenir sa trajectoire à court terme, mais adoucir nettement son discours dès le début de l’année prochaine… à la faveur d’un marché du travail en voie de normalisation ! Les marchés boursiers ont donc renforcé mardi le joli rebond de début de semaine en s’offrant une puissante hausse. A suivre… et notamment le rapport plus complet NFP de vendredi !

… ET DE LA DETTE BRITANNIQUE ?
Comme nous l’évoquions la semaine passée, le ministre britannique en charge des finances et du trésor Kwasi Kwarteng a déclenché bien malgré lui une tension importante sur les marchés obligataires du pays… et une véritable crise politique, jusqu’à gagner le nouveau surnom peu glorieux de nouveau ministre « kamikaze » des finances.
En cause ? La suppression (finalement annulée…) de la tranche d’imposition à 45% pour les revenus supérieurs à 150 000£… L’accueil de la population ou même des responsables politiques internationaux fut pour le moins froid… et les responsables britanniques, Kwasi Kwarteng en tête, ont rapidement compris qu’il valait mieux rebrousser chemin, au moins sur cette mesure.
Les investisseurs se sont de leur côté rapidement inquiétés de la capacité du Royaume-Uni à mettre en place un programme de réformes économiques viables pour relancer la croissance du pays. De nombreux économistes se rejoignent d’ailleurs sur le fait que les réductions d’impôts n’auraient eu aucun effet sensible sur la croissance économique.
La volte-face évoquée précédemment intervient dans un contexte inflationniste très fort au Royaume-Uni, où les ménages les moins aisés subissent la flambée des coûts de l’énergie de plein fouet. Certains citoyens refusent même purement et simplement de payer leurs factures d’électricité… parce qu’ils ne peuvent plus subvenir à leurs besoins premiers !
La mesure ô combien impopulaire a également été sanctionnée par les détenteurs de dette britannique (le 10 ans UK est passé de 3% mi-septembre à 4,5% fin septembre pour se stabiliser à 4% environ désormais). Les observateurs doutent de la crédibilité des mesures de relance préconisées par le gouvernement.
La banque d’Angleterre a même dû intervenir dans l’urgence pour mettre fin à l’envolée des taux. « Last but not least », l’impact de la sanction s’est également fait ressentir sur le marché des devises, où la livre sterling a vu sa valorisation diminuer ponctuellement de plus de 6% face à l’euro au plus fort de la crise (mouvement effacé depuis). Les agences de notation ont par ailleurs placé la dette britannique « sous surveillance / perspectives négatives ».

L’OPEP MÈNE SON PROPRE COMBAT…
A l’évidence, les intérêts des banques centrales ne convergent pas avec ceux du cartel… La dernière décision de l’OPEP a déclenché l’ire de Washington qui n’a pas manqué de qualifier « d’hostile » l’alliance entre la Russie et l’Arabie saoudite.
En pleine tension sur les prix de l’énergie, l’OPEP a confirmé sa stratégie visant à soutenir les cours du brut via une coupe de production de 2 millions de barils par jour. Alors que le Brent se traitait autour de 85 dollars le baril en amont de la réunion, l’alliance a clairement cherché à stabiliser les prix bien au-delà du seuil des 90 dollars.
« Heureusement », les forces contraires que représentent le ralentissement économique en cours (en partie déclenché par les banquiers centraux) pourraient limiter le « projet » inflationniste de l’OPEP. Fragilisé avant les élections de mi-mandat, Joe Biden a d’ores et déjà annoncé que les Etats-Unis allaient poursuivre les ventes de stocks stratégiques pour contrecarrer la stratégie de l’OPEP… allant même jusqu’à renouer des liens diplomatiques avec le… Venezuela !
Sources : WiseAM, société de gestion du groupe Crystal
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Rédigé par François Jubin